Le palpitant retour de Servaz
Je remercie les éditions XO et lecteurs.com pour ce roman que j’ai dévoré et pour la rencontre avec Bernard.
L’histoire :
Le commandant Martine Servaz est de retour, 7 ans après la sortie de N’éteins pas la lumière. Cette fois il fera équipe avec une policière norvégienne et se retrouvera sur la piste d’un vieil ami : Julian Hirtmann
Nuit de tempête en mer du Nord. Secoué par des vents violents, l’hélicoptère dépose Kirsten Nigaard sur la plate-forme pétrolière. L’inspectrice norvégienne enquête sur le meurtre d’une technicienne de la base off-shore.
Un homme manque à l’appel. En fouillant sa cabine, Kirsten découvre une série de photos. Quelques jours plus tard, elle est dans le bureau de Martin Servaz. L’absent s’appelle Julian Hirtmann, le tueur retors et insaisissable que le policier poursuit depuis des années. Étrangement, sur plusieurs clichés, Martin Servaz apparaît. Suivi, épié.
Kirsten lui tend alors une autre photo. Celle d’un enfant. Au dos, juste un prénom : GUSTAV Pour Kirsten et Martin, c’est le début d’un voyage terrifiant. Avec, au bout de la nuit, le plus redoutable des ennemis.
Editeur : XO Editions / poche – 528 pages | Sortie :23/02/2017
L’auteur :
Bernard Minier est né à Béziers et a grandi dans le Sud-Ouest. Il vit aujourd’hui en région parisienne où il se consacre à l’écriture.
Ses romans Glacé (Prix du meilleur roman francophone du Festival Polar de Cognac), Le Cercle, N’éteins pas la lumière et Une putain d’histoire ont fait de lui un auteur incontournable du polar français. Ses romans sont traduits dans quatorze pays.
Sources : http://www.xoeditions.com/
Mon avis :
Dans ce roman pas de mise en condition, l’auteur nous fait plonger directement dans son univers, un univers glacé. Pour cela nous suivons l’enquêtrice Kristen Nigaard de la police norvégienne en direction d’une plateforme pétrolière. Rien que l’ambiance : pluie, nuit, froid, pleine mer, loin de tout… nous permet de reconnaitre la patte de Bernard Minier. Ce déplacement ne sera pas sans conséquence pour notre commandant préféré. Car le suspect de l’enquête de Kristen n’est autre qu’une vieille connaissance : Julian Hirtmann. Ce tueur acharné, et tout aussi érudit que Martin Servaz, est semble-t-il bien en vie, et apparemment sur les traces de notre commandant. Parmi les clichés de Martin visiblement pris par Hirtmann, se trouve la photo d’un enfant, prénommé Gustav. Qui est-il? Ils sont nombreux à vouloir le savoir.
On retrouve Martin à Toulouse, sur son secteur en compagnie de son équipe et notamment son adjoint, et ami, Espérandieu. Ensemble ils mènent une investigation sur des viols commis sur des joggeuses. Je ne vous en dirais pas plus pour ne pas vous spoiler le roman, mais tout ce que je puis dire c’est que Bernard Minier ne va pas gâter son héros, loin de là, il va le malmener dans le corps et dans l’âme.
Le retour du duo Servaz / Hirtmann
C’est un pari risqué que de renouer avec un duo flic / tueur en série (qui n’est plus censé être). En tout cas pari réussi pour notre plus grande satisfaction.
Quel plaisir donc de retrouver le commandant Martin Servaz. Certes quelques années ont passé mais il est toujours le même, pas geek pour un sou et toujours aussi érudit. Peut-être encore moins à l’écoute des conseils de son entourage que dans ses précédentes apparitions. On connait le personnage, lettré et tourmenté, mais avant tout un excellent flic. On pensait avoir cerné sa personnalité, et bien non, Bernard Minier nous fait découvrir une autre facette de cet homme. Un aspect plus confident, en prise avec ses sentiments de père vis à vis de sa relation avec sa fille Margot. Et pour cela quelle bonne idée que de faire resurgir un Julian Hirtmann tout aussi manipulateur et cruel afin de reformer le binôme avec Martin et de laisser ce dernier dévoiler un pan de son moi profond .
Le lecteur va apprécier le jeu de piste auquel vont se prêter avec délectation l’un et avec souffrance l’autre. Un jeu de piste asphyxiant qui nous fera voyager dans les tréfonds de l’âme humaine, où l’image projetée par certains se trouve à l’opposé de leur vraie personnalité. Dans ce roman Martin fait équipe avec Kristen, la flic norvégienne, froide et saisissante de self-control, elle n’en reste pas moins une femme captivante, qui suscite une question chez Servaz : quel est le but de Hirtmann à les réunir sur cette enquête ?
Ce roman accroche le lecteur dès les premiers pages, ne le laisse reprendre sa respiration qu’une fois le livre terminé. Une lecture sous apnée et angoisse complète dirigée de main de maître par Bernard Minier avec en fond les notes de Malher omniprésent. Frissons garantis !
Le train rouge jaillit du tunnel noir, telle la langue d’une bouche dans le paysage de glace. Bleu ardoise de la nuit, noir opaque du tunnel, blanc bleuâtre de la neige et gris légèrement plus sombre de la glace. Et puis, soudain, ce trait rouge vif – pareil à une trainée de sang qui vint couler jusqu’au bord du quai.
Le style
Une nouvelle fois Bernard Minier réussit à créer une atmosphère particulièrement oppressante et captivante. La qualité des descriptions des décors, de lieux atypiques :train de nuit en Norvège, plateforme pétrolière, chalet de haute montagne, forêt glacée…. entraînent le lecteur dans les profondeurs du roman. Et puis il y a les personnages, Bernard Minier donne vie à ces derniers au point que leurs voix résonnent en nous une fois le livre fermé. Ils ont une intensité palpable et on sent leur présence à nos côtés au fil des mots. Le travail effectué par l’auteur sur les protagonistes permet d’associé le lecteur au cheminement de l’intrigue. Bernard Minier n’hésite pas à voyager pour travailler ses décors et ambiance, le train de nuit entre Oslo-Bergen il l’a prit, se privant des paysages pour se consacrer à l’ambiance nocturne et parfois angoissante qui règne dans les wagons. Au passage lors de l’interview – dont vous aurez bientôt connaissance – il m’a confié avoir longuement discuter avec le personnel du wagon bar non pas de Malher, mais de rock 😉
Mon petit point positif :
Une lecture très prenante dans laquelle on découvre Servaz encore plus intimement, plus paternel que jamais.
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